23.7.10

“On pourrait presque partir en VFR !” (rascol à Santa Monica, 8ème jour, 2ème partie)

Bertand pousse les deux manettes vers l’avant. Le Duchess accélère sur la piste 8 de Big Bear. Ah oui, par ici on ne dit pas zéro-huit. Il fait grand bleu et nous voilà reparti du nord de Los Angeles pour Santa Monica. Après un petit-déjeuner dépaysant, un rascol nous attend.

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Avant de repartir, nous sommes repassés par le FBO. Comme d’habitude, je demande s’il y a une taxe à payer. Une gentille dame m’adresse alors un grand sourrire et me dit qu’il n’y a pas de taxe, juste 5$ si on était resté la nuit. Le charme des taxes aux Etats-Unis. Pendant que j’essayais donc de régler un faux-problème, Bertrand et Marc-Olivier trainent devant l’immense carte des Etats-Unis qui couvre tout le mur. Il ne faut pas laisser Marc-Olivier devant un tel truc. C’est un coup à se retrouver à perpette en avion dans un prochain voyage !

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La carte des US au FBO de Big Bear

Au point d’arrêt, alors que les hommes devant s’affairent, un panneau attire mon regard. On ne rigole avec l’altitude pression. Un affichage digital et dynamique la rappelle. Altitude + chaleur ne font pas bon ménage avec tous ses sapins autour.

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L’altitude densité rappelé au point d’arrêt

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“C’est bien le bi-moteur ?”

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Les METAR sont tout juste comme il faut. Comme il faut pour de l’IFR. Ni trop, ni trop peu. Evidement, ce sera Marc-Olivier qui fera l’arrivée. Si nous avions été tout seul (déjà nous ne serions pas en bi-moteur ;-), nous aurions déjeuné ailleur et tant pis pour le Rascol.

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Dans le bleu, nous attrapons une clairance IFR, ça ne pouvait donc pas continuer comme cela. Los Angeles est dans un voile laiteux et on voit bien sur la côte le Marine Layer.

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On va quitter le bleu et le soleil. En dessous : Los Angeles

Nous descendons… Nous descendons… Le bleu est maintenant au dessus. Et la couche nuageuse est bien là. 1120 ft et nous sommes dans la crasse. Je me souviens être venu par ici en Cessna, il faisait beau et Florent était assis à mes côtés. Lorsqu’on est en finale sur la 21, on sent la grande plaine de Los Angeles avec les montagnes à l’ouest et notamment le “Hollywood Sign” et les grattes-ciels de la cité disséminés par paquets. Tout cela n’est guère engageant lorsqu’on n’y voit plus rien… et qu’on est à bord d’un avion qui descend et qui descend.

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Justement, la descente continue. Je vois la grande aiguille de l’altimètre tourner dans le sens contraire des aiguilles d’une montre. Je sais ce que cela veut dire. Dehors, c’est tout gris, on est toujours dans la crasse et l’avion descend vers le sol.

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Rien à la radio. Nous sommes déjà “autorisé à l’atterrissage” pour la 21. A 2.4 nm, le contrôleur passe “wind two-zero-zero at four”. Double clic de Marc-Olivier. Le Duchess descend vers le sol. Toujours dans la crasse. Et je me remémore le décor que nous devrions voir.

Je ne sais plus à quel moment nous sommes à la fois sortie de la couche et que nous avons découvert la piste, mais c’était au même moment ! Didiouuuuu qu’on est bas et trois paires d’yeux cherchent la piste 21 de Santa Monica. Sinon, c’est bon pour une remise de gaz.

La Piste est là 

“Piste en vue !”. Bertrand et moi venons de nous écrier. La 21 est dans le coin en haut à gauche de la photo et aussi de la verrière. Pas du tout dans l’axe comme le précisait la fiche de percée :

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Peut-être presque comme un soulagement. On allait pas continuer à avancer et descendre comme ça sans fin !

Voilà, une superbe descente aux minima. Je regarde autour de moi. Je ne vois que les bâtiments de Los Angeles. Même pas la montagne au loin et pourtant si proche. Marc-Olivier ajuste vitesse et l’attitude du Duchess aux petits oignons. Je devine, assis à l’arrière, les coups de regard sur les instruments. Petit virage à gauche pour retrouver l’axe. Un appareil derrière nous est déjà “clairé” à l’atterrissage behind a Duchess. Plein réduit… Je reconnais le seuil de la piste, puis la tour de Santa Monica comme si j’étais là hier. Et à gauche le Typhoon.

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Juste avant le touch

- “Duchess zero-three-echo, contact ground point niner, see you soon”

- “Ground point niner Duchess zero-three-echo, good bye”

- “Santa Monica Ground, good afternoon, this is Duchess November-three-eight-zero-three-echo, runway two-one vaccated, taxi… hum.. Typhoon”

“Duchess zero-three-echo, Santa Monica Ground, taxi Typhoon, via Bravo”

Nous dégageons… n’importe où puisqu’ici il n’y a pas de taxiway et roulons jusqu’à une place de parking, juste devant le Typhoon où un Rascol nous attend !

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“On pourrait presque partir en VFR !” se moque Marc-Olivier. Tout est dans le “presque”. “On est sortie à combien ?” demande-je. “On est sortie aux minima… à 700 pieds” sur une approche de non-précision.

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Les coulisses d’une photo avec retardateur

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Qui a commandé du Scorpion !?!

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On partage ? 

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Renaud, instigateur du Rascol Californien et amateur de Scorpion 

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Un scorpion ! Un !

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(vu au Typhoon) Retrouvez le sticker “FranceDC3”

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Souvenir d’un Rascol Californien (de gauche à droite)
Etudiant#1 de Renaud, Renaud LG, Etudiant#2 de Renaud, Rémy T (local de l’étape), cousin#1 de Rémy, collègue#1 de Rémy, Bertrand, votre serviteur et Marc-Olivier.

Durant tout le déjeuner, le soleil poussera les nuages offrant de grandes éclaircies. Cela nous incitera à lancer des “Alors Renaud, c’est VFR ! File chez Justice et vas-y saute dans un Cessna”.

Lorsque nous ressortons pour la traditionnelle photo de Rascol à-l’autre-bout-du-monde, il fait (presque) grand bleu. Nous voilà de nouveau sous des couleurs et températures californiennes de carte postale. Finalement, Renaud ne partira pas en vol se réservant pour le lendemain (avec une histoire de perte de clefs ;-)

De notre côté, il parait que Marc-Olivier a des courses à faire chez Aircraft Spruce. Et comme c’est à quelques encablures en avion sur le terrain de Corona et que c’est sur le chemin du retour vers San Diego… Vous devinez la suite.

Three green… One in the mirror (8ème jour, 1ère partie)

Marc-Olivier déroule sa checklist conscencieusement. Le plafond est bas. Il fait gris. Nous sommes au point d’arrêt de la 28 droite et une voiture nous a suivi alors que nous roulions.

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Ce matin tout le monde s’est levé tôt. Tout le monde, c’est à dire nous trois. Je vous rassure, on a pas rameuté des copains dans la nuit. Bertrand est venu nous chercher avec la voiture au Andaz et comme “ça roulait, j’suis déjà en bas !”, nous voilà à 6h30 du mat, les valises prêtent à embarquer pour monter au terrain. Le programme de la journée a été concocté par Marc-Olivier.

“On part tôt, comme ça on va petit-déjeuner en Duchess à Big Bear et puis après on ira au rascol de Renaud à Santa Monica. Dans l’après-midi, on verra bien, mais j’ai une course à faire chez Aircraft Spruce”

Bertrand et moi acquiessons. Qu’aurions-nous pu faire d’autre ? Et vous, vous auriez fait quoi ? Une promenade en bi-moteur au départ de Montgomery,certainement un départ IFR (puisqu’on part tôt le matin), un petit déjeuner sur un terrain à la montagne au nord de Los Angeles (Big Bear L35), puis la redescente pour déjeuner à Santa Monica (par exemple au Typhoon) et ensuite une troisième promenade dans le bassin de LA et le retour à San Diego. Hein ? Vous auriez dit quoi ? Et bien nous, on en rêve et on suit le maestro.

“Zero-three-Echo, the runway two-eight right is cleared of the vehicule, wind calm, runway two-eight right, cleeaaaaaarrred for take-off”

Je suis assis à l’arrière. Bertrand n’a jamais pratiqué le Beech 76 Duchess alors que j’ai déjà voyagé avec, notamment durant un incroyable convoyage (voir ce récit “The duchess is back”). Il profite à l’avant. Je joue avec les caméras à l’arrière.

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Le Duchess est aligné sur la 28R droite.

“Speed alive…”

Marc-Olivier égrenne les vitesses qui augmentent 40… 50… pendant que le Duchess accélère avec ses deux moteurs pleine puissance… 60… 70… 80… Rotate… Bertand et moi suivons tout cela attentivement. On imagine le boulot et les réflexes prêt à bondir en cas de panne moteur.

“Zero-Three-Echo, contact Socal Departure, gooooood day”

Nous arrivons déjà dans la couche alors que la banlieue de San Diego se réveille. Il fait gris. Un vrai temps de Bretagne. Le Duchess continue sa montée, tout droit vers les nuages.

“Socal Departure, good morning, this is Duchess Zero-Three-Echo, passing one-thousand feet, climbing three-thousand, heading two-seven-zero”

Le tout lancé avec la vitesse d’une rafale de mitraillette. La différence entre les pro et les amateurs, je vous dis ! Imaginez qu’on lance un truc comme ça. Bertrand et moi recevrions immédiatement une rafale du même calibre en retour. Et là… Plus personne au bout du fil si ce n’est un pôv : “Sorry, say again ?”.

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Nous voilà dans la crasse. Et hop, vive l’IMC. Je laisse tourner les caméras, je me doute que la couche n’est pas épaisse. Je suis toujours fan des sorties de couche et de cet exact instant où l’avion est au raz des nuages pour les abandonner pour du ciel bleu.

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On y voit encore rien. Et puis la lumière augmente. Le spectacle va démarrer, encore quelques pouyième de seconde. Silence dans le cockpit et je lance :

“On va se préparer un “ohhhhh et un re-ohhhhh*”.

*Expression devenu traditionnelle depuis un vol d’avril 2009 avec Franck H. et un passage on-top mémorable, en deux temps, au départ de Pontoise (vidéo à voir par ici)

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Bertrand chausse ses lunettes de soleil

Marc-Olivier, une fois au dessus où il fait toujours beau, annule l’IFR et demande le Flight Following direct PDZ (Paradise). Facile l’IFR ;-)

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Puis en s’éloignant de la côte, le fameux Gloom-machin disparait et nous revoilà, Bertrand et moi, en terrain plus connu. Sauf qu’on a deux moteurs et qu’on va sur un terrain qu’on connait pas.

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Drôle de sticker, sensé rappeler au pilote l’immat. du Duchess…
mais vu les rature, je ne suis pas sûr qu’on gagne du temps !

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Après l’auto-radio, le “avion-K7”

A l’arrière, je profite de mon installation vidéo. La GoPro HD est posé sur mon trépied stabilisé et lesté par… un sac à dos. On fait avec ce qu’on a. La Sanyo HD1000 ventousée et connecté à l’interco. de l’avion enregistre toute la radio. L’appareil photo sur les genoux, je shoot quelques images. On en prend plein les yeux. Je ne sais plus où donner de la tête.

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La GoPro HD dans la main filme le trépied

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La GoPro HD posé sur son trépied

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Nous descendons et la montagne couverte de sapins emplie le paysage. Et dire qu’en hiver, on fait du ski là-dessous. Le ciel est d’un bleu éclatant. Je cherche la piste, l’avion tourne un coup à droite, un coup à gauche, je n’ai rien suivi de l’intégration. Privilège de passagers.

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“Three green… One in the mirror”

Dernier virage main gauche, la piste se libère.

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Et il passe des messages marrants sur la fréquence auto-info de Big Bear.

“Big Bear trafic, <indicatif incompréhensible>, west of the lake, climbing… euuuuuuh… to escape the valley !”

Finale piste 26 dans un décor de carte postale.

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- “Big Bear trafic, skylane three-two-mike-mike, at the threshold two-six, ready to take the active… euuuuuuh…. oh… We’ve got landing trafic ! Holding short, Big Bear”

- “Thank you very much, Duchess Zero-Three-Echo, landing two-six”

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Courte finale 26 Big Bear

Kiss landing et l’avion roule paisiblement jusqu’au parking.

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Il nous faut bien un petit déjeuner pantagruelien (avec des pancakes comme Bertrand n’en a jamais vu !) pour nous remettre de nos émotions et ingurgiter toutes ces images. Difficile de réaliser que nous sommes en Californie et que nous venons de prendre un bi-moteur pour aller petit-déjeuner. Difficile de ne pas se dire qu’on ne vit pas un rêve éveillé.

Et la journée ne fait que commencer.

22.7.10

On aurait pu en rester là… mais non ;-) (7ème jour)

On aurait pu en rester là. 2800 km et 20 heures de vol en 6 jours. Mais déjà à Oakland, lorsque j’avais eut Marc-Olivier au téléphone, je suspectais quelque chose. On avait parlé du Bay Tour, le vrai, le grand qui passe par la verticale de SFO. Personnellement, je ne m’en sentais pas du tout capable, mais alors pas du tout. Il envisageait de venir… pour nous accompagner ;-) La météo en a de décidé autrement : point de Bay Tour avec autour de nuages au dessus du Golden Gate. Dommage, ce sera pour une prochaine fois.

Nous avions un peu chamboulé les “plans” de Marc-Olivier lorsque je lui annonçais qu’on envisageait d’aller à Mariposa pour une promenade dans le Yosemite Park. Grâce à (ou à cause de) la météo, nous avions réussi à nous échapper des nuages de la baie de San Francisco.

Puis, lorsque nous avons quitté Yosemite pour San Diego, avec une journée d’avance sur notre planning prévisionnel, il ne restait plus qu’une option s’il voulait participer au Rascol du lendemain organisé par Renaud LG: nous rejoindre à San Diego.

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Et vlan. Le voilà qui débarque de l’avion. Je n’y crois pas. Nous déboulons avec la voiture de loc à l’aéroport de San Diego pour récupérer Marc-Olivier qui débarque d’on ne sais où. Quelle plaisir de l’accueillir !

Et nous voilà à trois à San Diego profitant du soleil et de la plage ! Quoi pas d’avion ? Si, un tout p’tit peu car nous repassons chez Sorbi récupérer le support de la GoPro que j’ai laissé sur le N1487SP et constaté que la porte est définitivement réparée. On passe voir la plage à Coronado et profitons de notre présence à San Diego pour assister à l’assemblée générale de PlusOne.

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On est à San Diego, il y a une assemblée de notre aéroclub, alors on y va. Tradition locale de PlusOne : une lotterie est organisée avec quelques prix à la clef : Marc-Olivier gagne un bon de 100$ pour un entrainement IFR (;-)… et le hasard fait bizarrement les choses car je raffle la cagnotte constituée de quelques dollars que chacun des participants à laissé en arrivant ! Pour une fois qu’il y a des frenchies, ils raflent les prix !

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Marc-Olivier gagne un bon de 100$ de training IFR

“Bon. C’est bon là ? Vous vous êtes bien reposés ? Ca vous dirait pas de faire de l’avion maintenant et de nous ramener des photos et des vidéos ?” Allez, au lit. On verra demain. Il y a un Rascol de prévu à Santa Monica.

Et la suite alors ? Le 8ème jour avec des vols IFR, à lire par ici.

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